Danse, Tradition et Mémoire : Sauver l’Héritage Culturel des Bafou avant qu’il ne soit trop tard
🎭 Au cœur des Grassfields, une alarme culturelle retentit : les pas du Gwèh, les chants du Ko’ho Nzang, les tambours du Medzong ou encore les secrets du Lefem s’effacent dans le silence d’une modernité aveugle. Jadis transmis de génération en génération, ces savoirs deviennent rares, oubliés, menacés. Le patrimoine culturel des Bafou, riche et vibrant, est aujourd’hui à la croisée des chemins.
Dans un monde en constante évolution, il est essentiel de préserver et de promouvoir notre riche patrimoine culturel. Récemment, une synthèse de la thématique n°12 discutée à Echo de la Montagne a mis en lumière la disparition préoccupante de certaines de nos danses traditionnelles, telles que le Gwèh et le Ko’ho Nzang. Ce constat alarmant nous invite à une réflexion profonde sur les moyens de redynamiser notre culture pour les générations futures.
🕊️ Des danses en voie de disparition
Autrefois, chaque quartier formait ses enfants aux danses traditionnelles : maîtrise des chants, des instruments, des rythmes et des gestes sacrés. Ces transmissions vivantes ont aujourd’hui quasiment disparu. Pour organiser un événement culturel, il faut souvent faire appel à des vocalistes et instrumentistes venus de loin – des artistes devenus presque des “spécialistes en voie de disparition”. On parle désormais d’un “nouveau métier” : celui de porteur de culture.
Mais une fête ne devient un Bal à fond que lorsqu’il y a une parfaite harmonie entre quatre entités :
🎵 les instrumentistes,
🗣️ les vocalistes,
💃 les danseurs,
👀 et les spectateurs.
C’est ce lien sacré qui fait la force d’une culture vivante, et non une simple performance folklorique. Face à ce déclin, les Chefs de villages et de quartiers, ainsi que leurs représentants en milieu urbain, sont invités à organiser des séminaires de formation pour la promotion de notre culture. C’est un appel à l’action pour tous ceux qui se soucient de la survie de nos traditions.
🔒 Le “Lefem” : secret sacré ou rituel bafoué ?
Dans l’univers Bafou, le Lefem n’est pas qu’un lieu, c’est une institution :
- Forêt sacrée,
- Espace d’isolement du défunt monarque,
- Tribunal coutumier,
- Lieu d’initiation du futur chef.
Mais avec le temps, ce cadre secret – réservé aux initiés et au sang royal – est peu à peu exposé, photographié, dénaturé. Lors des cérémonies funéraires, les danses secrètes comme Feuka, Nkougang ou Aka’ah Mbouowah sont filmées sans autorisation, publiées en ligne, perdant tout leur sens rituel.
⚠️ Cette profanation du sacré ne peut rester sans réponse. Car ce que la caméra prend de la tradition, aucun algorithme ne saura le restituer.
🥁 Des instruments aux noms oubliés
Parmi les trésors musicaux encore méconnus ou oubliés :
- le Mèket,
- le La’a Mevfouh (posé au sol),
- le Ndzemè Zo (porté à bout de bras),
- le Meg’hang Tseing Fô (nécessitant une force physique notable),
- et le Lambeh, tambour féminin suspendu à l’épaule.
Autant d’objets sonores qui racontent, rythment et animent une mémoire collective. Mais encore faut-il qu’ils soient transmis, joués, reconnus.
⚔️ Kehzak et Ngouh Fô : les danses de la mémoire guerrière
Parmi les danses les plus emblématiques, on retrouve :
- Le Kehzak, réservé aux villages ayant connu des conquêtes territoriales : c’est la danse de la victoire.
- Le Ngouh Fô, célébration de la bravoure du chef, souvent pratiqué lors des obsèques.
Ces danses ne sont pas de simples spectacles. Elles sont des récits, des codes, des marqueurs d’identité. Les banaliser, c’est effacer l’histoire.
📣 L’urgence d’un réveil culturel
Face à cette érosion culturelle, l’auteur de cette thématique lance une interpellation forte : il est temps d’agir.
👉 Organiser des séminaires de formation dans les villages et les villes.
👉 Sensibiliser à la valeur du patrimoine rituel et à son caractère sacré.
👉 Encourager la jeunesse à s’approprier cette richesse dès le bas âge.
🎓 « L’enfant est le père de l’homme », dit le proverbe. Ce que nous leur transmettons aujourd’hui, ils le porteront demain.
🕯️ Pour des obsèques plus dignes, moins ostentatoires
Enfin, l’article dénonce les dérives modernes des cérémonies funéraires :
- dépenses démesurées,
- exhibition publique,
- non-respect des rites familiaux et du deuil intime.
Un appel est lancé aux chefs, notables et autorités traditionnelles pour ramener l’orthodoxie et la sobriété dans nos traditions, sans céder aux pressions sociales ou aux attentes de la foule.
📺 Un mot sur les médias
Les médias de proximité sont à double tranchant. Ils peuvent valoriser ou dénaturer. C’est pourquoi chaque parent, chaque chef, chaque citoyen doit garder un œil critique sur les messages véhiculés.
🙌 Conclusion : Notre culture n’est pas un spectacle
Elle est mémoire, transmission, sacralité.
Et si elle disparaît, ce n’est pas à cause du temps, mais de notre négligence. Il est encore possible de raviver la flamme. Il suffit d’un pas. Puis d’un autre. Puis d’un chant. Puis d’un tambour.
🎤 Et alors, les danses de nos ancêtres ne seront plus un souvenir, mais une force.
En conclusion, de nombreux pans de notre culture sont en voie de disparition, et nos danses traditionnelles ne font pas exception. Le soi-disant modernisme est en train de leur faire perdre leur caractère sacré et secret, au point que des images se retrouvent impunément sur internet. Il est urgent de prendre des initiatives pour « dépoussiérer » et promouvoir toutes ces danses qui tombent progressivement dans l’oubli.
Il est impératif d’éduquer nos enfants dès le plus jeune âge aux réalités culturelles de notre localité, afin qu’adultes, ces traditions ne leur soient pas étrangères.
« Echo de la Montagne » s’engage à informer le public sur les lieux où il est possible de se ressourcer concernant ces différentes danses patrimoniales.
Un appel poignant est lancé aux notables et aux Chefs pour qu’ils sensibilisent leurs populations sur les dérives qui dénaturent les obsèques. L’espoir est que les Rois des Bafou et leurs pairs des Grass Fields prennent des résolutions pour ramener une certaine orthodoxie dans la pratique de notre culture millénaire.
Il est également salué les Chefs ayant déjà pris des dispositions pour que certaines inhumations se fassent dans le strict respect des intimités familiales. Les familles endeuillées ne devraient plus avoir à subir des dépenses inutiles pour satisfaire une population exigeante et insatiable.
Enfin, une interpellation forte a été adressée aux pouvoirs publics et aux parents concernant les médias populaires de proximité, qui, étant à double tranchant, peuvent véhiculer des messages dégradants. Il nous appartient de prendre de la distance face à ces messages.